Lola

Publié le par le hérisson

C’est en revenant du travail que j’ai entendu à la radio que le Katorza faisait une soirée Jacques Demy à l'occasion de l'a sortie en DVD d'une intégrale de ses films. En regardant le programme sur internet, j'ai directement choisi d’aller voir Lola.


Lola, c’est le premier long métrage de Jacques Demy.  C’est un film en noir et blanc tourné en juin/juillet 1960 à Nantes, avec Anouk Aimée et Marc Michel. Quand on aime un peu Jacques Demy, on sait bien l’importance de ce film et on sait aussi qu’on retrouvera le personnage de Roland Cassard, qui devient l’époux de Geneviève dans Les parapluies de Cherbourg alors que Guy est en Algérie.

J'avais peur de ne pas avoir de place alors je suis vite allé en ville en chercher une en prévente. Puis je me suis baladé en attendant l’heure du film. Une fois arrivé dans la salle, j’ai constaté que celle-ci n’était pas très grande (une vraie petite salle de cinéma d’antan) et qu’il n’était pas nécessaire de s’inquiéter.  Elle n’était pas remplie au début du film. Un groupe d’une bonne dizaine de gays s’était installé sur l’un des derniers rangs. Un autre gay s’est installé sur le rang devant moi. Y’en avait il d’autres que je n’ai pas repérés ?

Avant que le film ne débute, Rosalie Demy a dit quelques mots. Elle a succinctement présenté le film, a notamment expliqué qu’il avait d’abord été tourné sans son ,et que les dialogues avaient ensuite été post-synchronisés en studio. Elle a aussi parlé de Model Shop qui permet de retrouver le personnage de Lola, 8 ans plus tard, aux Etats-Unis…

Puis le film a débuté.
Roland Cassard est un garçon qui traine de petit boulot en petit boulot sans vraiment se donner la peine de les conserver. Il passe souvent dans un bar, tenu par une femme prénommée Claire. Un jour, il croise Lola, qui danse dans un cabaret et qu’il n’a pas revue depuis la guerre, quand elle portait encore des tresses… Il tombe (retombe ?) amoureux d’elle. Mais Lola, fréquente un marin américain qui lui rappelle son seul et unique amour, Michel, de qui elle a eu un enfant il y a 7/8 ans : Yvon.

Il faut dire que Lola est un film particulier, qui en quelque sorte, porte déjà en lui à la fois Les parapluies de Cherbourgs et Les demoiselles de Rochefort. Ou plutôt, c'est un peu comme si Les parapluies et Les demoiselles étaient composés de plusieurs caméos de Lola. C'est un peu comme si pour ces deux films, Jacques Demy avait mélangé les cartes, mélangés les situations et les personnages de Lola pour les redistribuer de manière différentes. Dans Lola, une multitude d'éléments font penser aux autres films. 

Roland Cassard bien sûr que l'ont retrouve dans Les Parapluies de Cherbourgs mais qui dans ce film là, fait un peu penser à Maxence le jeune marin qui finit son service militaire et a peint son idéal féminin dans les demoiselles de Rochefort. C'est particulièrement vrai dans son rapport à Claire, qui tient le bar. Elle, Claire, fait un peu penser au personnage d'Yvonne Garnier jouée par Danièle Darrieux, A ceci près que c'est Lola qui est en charge d'un enfant de 7 ans: Yvon qui fait penser à Boubou. Lola, c'est une peu une fusion entre les jumelles du même film. Lola est vive, légère, un peu superficielle. Elle pétille, elle minaude. Elle virvolte. Elle pleure. Elle rit. Elle vie en décalé, et est débordée d'un rien.  Impossible de ne pas penser en particulier à Françoise Dorléac... Anouk Aimée est vraiment formidable, et belle, dans ce rôle.
Madame Desnoyers elle, fait penser à Mme Emery, la mère de Geneviève dans les parapluies de cherbourg. Certains plans qui la mettent en scène sont quasiment les mêmes que dans Les parapluies...Notamment lors du diner avec Roland Cassard.
D'autres plans du film rappellent d'ailleurs Les parapluies quand Roland accompagne Lola. Et il y a la musique aussi bien sûr...
Et puis il y a les marins, les filles en guepières, les stations services, la mention du carnaval, la fête foraine... Tout est déjà là ... y compris cette façon qu'à Jacques Demy de faire se croiser les personnages et les destins.


Lola, c'est un peu comme une vaste répétition des films qui vont suivre. Mais pas un brouillon. C'est un vrai film réussi, maîtrisé, attachant jusque dans le coté un peu forcé et désuet du jeu de certains acteurs.

En prime, en guest Star, il y a Nantes. Voir le film, c'est voir la ville 48 ans plus tôt ; C'est voir la place royale complètement pavée et laissée aux voitures ; C'est voir le cours Saint Pierre avec des arbres tout juste plantés ; C'est voir la rue du calvaire qui n’a finalement pas vraiment changée ; C'est voir les rails, les halls et les grues d'un port encore actif et dont il n'existe aujourd'hui que des traces ; C'est voir le passage Pommeray et ses boutiques alors qu’on vient tout juste de le traverser ; C'est voir Roland Cassard aller voir un film au cinéma Le Katorza, cinéma dans lequel on se trouve nous même !

Lola c'était un moment de bonheur, un moment merveilleux. Du bonheur en pellicule ciné ! On finit le film sourire aux lèvres, avec une petite pointe d’amusement et de nostalgie dans le cœur.

Après la séance, la chanson de Lola trottait dans ma tête. Je suis rentré, en regrettant finalement de ne pas être resté pour voir Model Shop qui passait juste après !!! quel bêta je fais !!!
Et puis j'ai pensé à cette séquence du film « 17 fois Cécile Cassard », le film de Christophe Honoré dans lequel Romain Duris chante la chanson. 17 fois Cécile Cassard que j'ai vu Avec Roudy lors de notre première rencontre pendant le festival du film de La Rochelle. Il y a déjà plus de 6 ans de cela...

Publié dans Clairière

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